On est encore là !

Le collectif Plein le dos est composé de militant.e.s solidaires avec celles et ceux qui luttent pour la justice et l’égalité. Ce qui nous unissait avant et qui nous réunit maintenant, ça n’est pas notre situation particulière, c’est une conscience commune par-delà nos origines sociales, nos professions, nos histoires personnelles, nos âges, nos croyances, nos diplômes, nos statuts, nos couleurs de peau, nos genres… Cette conscience commune, nous l’avons retrouvée auprès des gilets jaunes.

Pas besoin d’être chômeuse ou sans-papier, pas besoin d’être cheminote ou hospitalier, pas besoin d’être enseignante ou retraité, pas besoin d’être victime de racisme ou mutilé, pas besoin d’être une femme ou une minorité opprimée pour se sentir concerné. Pas besoin d’être précaire aujourd’hui pour savoir que ça nous touchera peut-être demain et que l’augmentation de la précarité dans la société a partout des effets qui nous affectent déjà de près ou de loin. Pas besoin d’être sans-papier pour savoir qu’on ne mérite pas l’endroit où l’on est né. Pas besoin d’être soignant pour savoir qu’on a tous besoin de l’hôpital public. Pas besoin d’avoir été mutilée pour penser que les victimes de la répression ont besoin de notre soutien. Pas besoin non plus d’être assistante de vie indépendante ou routier pour comprendre que ça n’est pas le prix de l’essence qui changera quoique ce soit au réchauffement climatique, et que voir ce prix augmenter, quand on doit prendre sa voiture chaque jour et que tout augmente sauf les salaires, ça fout la rage.

Ces derniers mois ont été difficiles pour tout le monde et pour certains plus que pour d’autres, on le sait. C’est pour continuer de cagnotter pour les blessé.e.s et les caisses de défense collective, mais aussi parce que les messages inscrits sur les dos des gilets nous concernent tous, que notre collectif continue de porter ses feuilles jaunes en manifestation. Notre prochain numéro, le vrai « numéro 9 » (mais en vrai le 14e numéro pour celles et ceux qui ont suivi l’histoire), sortira sur le pavé en janvier 2021. Nous le tiendrons à bout de bras pour le diffuser aussi loin que possible, en espérant qu’il ne nous reste pas sur les bras. Et c’est aussi pour ça que nous réduirons le tirage à 2 500 exemplaires.

Reste que nous ne pouvons que remarquer aujourd’hui que peu de personnes savent ce qu’est Plein le dos. C’est normal évidemment. Ça nous montre que si le mouvement des gilets jaunes rassemblait des gens pratiquant de nombreux métiers, celles et ceux qui sont aujourd’hui dans la rue n’y étaient pas avant. Il n’est pas question de jeter la pierre, on ne peut pas se payer ce luxe, mais ça questionne forcément dans un monde du chacun pour soi où l’on se décide à sortir quand sa propre condition est affectée, ou chacun vit dans sa bulle. C’est comme ça. Et puis on sait aussi que certains n’y croient plus et que d’autres ne peuvent pas être là. La répression, l’acharnement judiciaire, le découragement ont des effets sur nous évidemment. Cela dit, il faut bien le reconnaitre, d’autres personnes ont récemment découvert Plein le dos, lors des manifestations contre la réforme des retraites ou contre la loi de répression globale. Et c’est très bien comme ça !

Nous serons donc de tous les cortèges à venir avec nos feuilles jaunes à bout de bras, enchantés chaque fois qu’une personne plus curieuse qu’une autre nous demandera : « Qu’est-ce que c’est ? ». Ce que nous tenons dans nos mains reste d’actualité, les messages de justice fiscale, sociale, démocratique, écologique, les messages émancipateurs de celles et ceux que nombre éditocrates, médias chiens de garde et politiques  n’ont eu de cesse d’insulter. Et nous poursuivrons, fier.e.s, déter.e.s, solidaires à être là, feuilles jaunes à bout de bras, pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur. ça nous concerne bien plus qu’on le croit, c’est pour ça qu’on est là et qu’on y restera. 

Enfin on profite de cet article pour dire que la diffusion de nos feuilles jaunes a permis de donner depuis juillet 2019, la somme 3 200 € à : Achraf un lycéen marseillais mutilé, au collectif les mutilé.e.s pour l’exemple en soutien à l’organisation de leur marche à Amiens, à l’association Taramada pour soutenir les frais juridiques de Dylan, ainsi qu’à Antoine, Frédéric, Casti, Patrice, Vanessa et Hedi, membres du collectif les mutilé.e.s pour l’exemple, pour les aider dans leurs difficultés liées à leurs blessures et accentuées par  la situation sanitaire, soit un total de 23 700 € depuis le début de l’initiative.

A bientôt pour la suite !

Le collectif Plein le dos