Ça nous occupe déjà depuis un moment, et on l’attend avec impatience. On arrive presque au bout, on devrait l’avoir dans les mains début décembre. Mesdames et messieurs, le voici, le voilà : le livre bilingue français-anglais, en noir et blanc, qu’on prépare avec Les éditions du bout de la ville ! Ce seront 365 dos de gilets traduits, plus ou moins agencés suivant les idées apparues au cours des Actes et annotés pour que les lecteur·rices étranger·e·s comprennent les traits d’esprit et autres références. Notre éditeur nous avait dit qu’il voulait “graver les images dans le papier”. On sait que celui-ci sera épais, et on va tout faire pour que ce bel objet fasse le tour du monde et porte les revendications inscrites sur les dos depuis novembre 2018. Ci-dessous la fiche technique avec laquelle les super commerciaux d’ Hobo Diffusion vont aller voir nos libraires. On vous en reparlera bientôt !
Pendant l’été, on a mis en place des réseaux de diffusion ailleurs qu’à Paris. On a fait passer nos feuilles et réapprovisionné les stocks à Amiens, Avignon, Bordeaux, Châtellerault, Clermont-Ferrand, en Corse, à Lamballe, au Havre, à Liège (Belgique), Lille, Rochefort, Sens, Toulouse et Vaour. On aussi créé l’asso Comité Vertigo, qui héberge le collectif Plein le dos, et ouvert un compte bancaire pour que chaque personne qui diffuse avec nous puisse y déposer, via le RIB, les dons collectés. En septembre, on a fait un n°7, qu’on a diffusé lors des manifestations de la rentrée. On arrive donc à huit numéros au total, en comptant les hors-séries “Quartiers populaires et violences policières”. Après tout ça, on vous annoncera bientôt de nouveaux dons pour les blessé.es.
Tout est politique
Après avoir été invités à prendre part à une conférence/débat et à tenir un stand aux AmFIs de Toulouse en août, le 12 octobre nous avons installé une table Plein le dos à la fête du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) à côté de nos copains d’Acrimed. L’occasion de diffuser nos imprimés et de profiter des débats avec David Dufresne, Emma l’autrice de la BD Un autre regard sur le climat, entre autres, Aurélie Garand du collectif Vérité et justice pour Angelo, François Sabado, auteur de Révolution ! 100 mots pour changer le monde, et Olivier Besancenot. Prévenus par mail, les organisateurs avaient accepté notre requête sans hésitation. Une fois sur place, nous avons bénéficié d’un très large espace d’exposition, et ce sont majoritairement des curieux·ses qui se sont arrêté.e.s. Comme la plupart d’entre eux n’avaient que vaguement entendu parler de nos feuilles jaunes, ça nous a amené.e.s à être plus actif·ve·s, à prendre davantage l’initiative d’engager la conversation. Nous avons également pu faire connaître Plein le dos à celles et ceux qui ignoraient encore son existence, et démontrer ainsi que le mouvement des Gilets Jaunes existe encore.
Fin du monde, fin du mois, même combat
La semaine du 7 octobre s’annonçait en grande pompe ! Après l’occupation du Centre commercial Italie 2, le 5 octobre à Paris, on attendait de découvrir l’action d’occupation annoncée par Extinction Rebellion (XR). On doit avouer qu’on était un peu critiques vis-à-vis du concept de “non-violence” prôné partout par XR. Depuis un an, la répression du mouvement des Gilets Jaunes ne laisse plus de doute : l’État (et donc la police), c’est le monopole de la violence légitime. Alors quand on a lu le programme d’XR relayé par nos camarades de la revue Nantes Révoltée avec pour commentaire “Une certaine idée de l’enfer”, on a ricané. Dans nos réseaux de déters révoltés, ça vannait beaucoup à propos des méthodes d’action et de la morale véhiculée sur les réseaux XR. Mais à force de rire, on s’est dit qu’on devenait méprisants… Or, on ne voulait pas reproduire le mépris de classe qu’on critique chez celles et ceux qui insultent les Gilets Jaunes. Alors on y est allé·e·s.
Les deux premiers jours, c’est Juan qui a occupé le terrain. D’abord en tant que volontaire “Média-activiste”, il a suivi en immersion la mise en place de cette action, l’efficacité de son organisation, échangé longuement avec certains primo-militants d’XR, constaté leur méconnaissance du mouvement GJ, et il y a remédié. Puis, l’occupation de la place prenant forme, l’apparition d’une bibliothèque a permis de valider la volonté de convergence de ce mouvement et d’exposer nos Plein le dos.
Le lendemain, avec deux militantes climat rencontrées sur place, il a pris part à une action de collage “écologique” d’affiche XR/Plein le dos aux abords de la place du Châtelet, dans les couloirs du métro et sur le pont au Change. La plupart de ces collages ont cependant été “nettoyés” par d’autres militants d’XR dès le lendemain… Son impression étant plutôt bonne, d’autres parmi nous ont pris le relais pour assurer la présence de Plein le dos. Le troisième jour, c’est Eris et Louise qui ont débarqué avec un seau de colle et du matériel hérité des mois passés, notamment des affiches de la campagne ironique “selon l’IGPN”, histoire de rappeler à tout·e·s la violence que de nombreux militants et militantes ont subie ces derniers mois.
On a trouvé judicieux de coller sur le pont au Change, là où de nombreuses personnes circulaient et où Juan avait collé la veille avec des militants XR. L’action a vite été interrompue par deux “peacekeepers” arborant leur logo XR (qu’on trouve limite sectaires) venus nous dire très gentiment, certes, que coller sur un monument classé, c’était mal. On n’en dira pas plus, sinon que sur le coup, on a peiné à garder notre sang-froid. Et on a quand même glissé un “mais la rue, la place, le pont, il ne sont pas à vous.” Et puis, pas de problème pour coller des stickers XR sur la boîte jaune de La Poste (ou recouvrir un autocollant antifasciste) mais sur LE monument historique “c’est non” ? On avait la nette impression que c’était une petite occupation de place sans notion de lutte des classes . À ce propos, on vous recommande cette interview de notre amie historienne Mathilde Larrère.
Sur cette place située au cœur de Paris, en face du Palais de Justice, et de la Préfecture de Police (Michel Foucault ne disait-il pas que la première est au service de la seconde ?), on a pris possession d’une belle palissade de chantier et on ne s’est pas gêné·e·s pour composer un superbe mur de dos de gilets jaunes. Ensuite, avec les copains et copines de la cabane, on a pris plaisir à regarder les passant·e·s, militant·e·s XR, sympathisant·e·s, Gilets Jaunes s’arrêter et photographier. Le 9 octobre on a rejoint nos ami.e.s de la Cabane Jaune de la Place des Fêtes en fin de journée. Une assemblée générale XR-GJ s’est organisée. Rapidement, l’idée d’en construire une place du Châtelet a émergé. Alors on a fait comme on a pu. On a emprunté du matériel aux environs de la place, et en trois heures elle était montée, avec quelques inscriptions sur les façades, notamment “Écolo-Gilets Jaunes”. On était dans la place !
Nous étions très fier.es de cette cabane, et les Gilets Jaunes présents s’en sont emparés. À proximité, notre collage a tenu jusqu’au samedi soir, pour l’arrivée de la manifestation de soutien au Rojava ; dès le dimanche matin, tout avait été arraché. On préfère voir le bon côté des choses : on n’avait jamais eu l’occasion de coller sur un mur aussi grand, dans un quartier aussi central et privilégié. Les collages sont éphémères, et ce mur, ceux qui l’ont vu, l’ont vu. C’est déjà ça.
L’humanité
Grâce aux camarades de Fakir et d’Ensemble ! qui nous ont fait un peu de place sur leurs stands, on était aussi présents au côté de nos amis du collectif The chômeuse go on à la Fête de l’Huma. L’ambiance générale et l’accueil qui nous a été réservé ont été excellents. On a fait de nombreuses rencontres, eu de multiples discussions, reçu des messages de félicitations, des invitations à présenter PLD à nos ami.es de Radio Parleur et sur l’une des scènes de la Fête. Si la grande majorité des participant·e·s semblait éprouver de la sympathie pour le mouvement des Gilets Jaunes, nous avons aussi eu quelques discussions franches avec des participants réticents vis-à-vis d’une contestation populaire qui occupe les rues et les ronds-points tous les samedis. On ne s’y attendait pas, cette Fête était, dans nos esprits, un lieu de soutien évident aux Gilets Jaunes. En tout cas, trois jours enrichissants. À refaire !
Week-end à Liège
Le 13 septembre 2019, notre collectif était convié à participer à l’expo “Jaune – Regards sur un mouvement contestataire contemporain” à Liège. Nous y avons montré des photos de dos de gilets et diffusé le reportage audio réalisé par Aurore. Nous avons aussi été invité·e·s à parler de notre expérience en tant que Gilets Jaunes parisiens. On y a beaucoup discuté de ce qu’on nomme “violence” : à Liège, le public établit une distinction bien nette entre dégâts matériels et violence sur les personnes. Ce qui n’est pas tout à fait le cas à Paris, excepté dans les milieux “radicalisés”. Nous avons aussi rencontré les Gilets Jaunes liégeois lors de leur rassemblement du samedi, l’occasion pour nous de découvrir et d’échanger sur leur vision de ce mouvement. On a pu assister au spectacle de rue très touchant Comment je suis devenu Gilet Jaune, de Marcel, qu’on espère bientôt inviter à Paris. On a aussi fait une session collage dans les rues. Surpris de constater que si tous les abribus supports de pub étaient cassés dès leur pose, personne ne colle là-bas, la principale raison étant que la mairie décolle dès le lendemain et n’hésite pas à adresser des contraventions aux colleurs. Ça ne nous a pas empêchés d’habiller la ville, et nos ami.es liégois.es nous ont rapporté que nos collages étaient restés en place quelques jours. Tant mieux.
Et la suite
Voilà pour les nouvelles du collectif. Comme on vous l’a dit plus haut, on vous parlera bientôt du livre et de la reprise des dons. Si vous nous avez lus jusqu’ici (merci pour votre intérêt !), et si ce qu’on fait vous donne envie de nous rejoindre, on vous propose d’assister à notre prochaine réunion, qui se tiendra vraisemblablement le 26 novembre à Paris. On y parlera de la suite à donner à tout ça. Envoyez-nous un mot à : contact@pleinledos.com, on vous passera toutes les infos.
Le collectif plein le dos avec Éris, François, Hélène, Juan, Louise, Malik, Sabine et les autres